Une introduction au Chili contemporain
Une introduction au Chili contemporain
Quelques indicateurs
Indépendance (de l’Espagne) déclarée: 18 septembre 1810
Indépendance acquise : 12 février 1818
Population: 16 000 000
Population autochtone Mapuche (plus large minorité): 600 000
Capitale: Santiago de Chile ("Saint-Jacques du Chili")
Population: 4 700 000
Superficie du pays: 757 000 KM carrés (inclus l'île de Pâques)
Produit interieur brut (PIB, par capita): environ 10 000 US$
Principal produit d'exportation: le cuivre
Balance d'export (2004): 30 milliards US$
Principal produit d'importation: le pétrole
Balance d'import (2004): 22.5 milliards US$
Secteur industriel (cuivres, acier, etc.): 39% du PIB
Pourcentage de la population active employée par le secteur industriel: 23%
Taux de chômage (2004): 8-10%
Population sous le seuil de la pauvreté (2004): 20%
Pourcentage de la population active syndiquée : 11%
Service militaire : obligatoire, 2 ans
Peine de mort: abolie (sauf tribunaux militaires)
Rang dans l'échelle de la liberté de la presse
(Reporters sans frontières): No. 42 (Canada: 18 - Corée du Nord: 167)
Chef d’État : Présidente Ricardo Lagos
(Parti Socialiste, membre de la coalition « Concertacion »)
Prochaine élection présidentielle : Décembre 2005
Nombres d’années sans coup d’État: 32 ans
Devise nationale : « Par la raison, où par la force! »
Contexte général historique
La « préhistoire »
La présence autochtone au Chili remonte a environ 10 000 ans. Ce sont les indiens Mapuche (aussi connu sous le nom d’Araucanos) qui ont d’abord occupés le territoire. Les Incas ont envahis le nord de l’actuel Chili. Les Mapuches, moins structurés socialement que les incas (contrairement à l’empire Inca, on ne parle pas d’un empire Mapuche, qui est une civilisation principalement organisée autour de la famille étendue, sans grand système politique et guerrier qui intègre l’ensemble des Mapuches), résistent cependant avec succès à la poussée vers le sud de l’envahisseur.
La résilience Mapuche sera cependant mise à rude épreuve avec l’arrivé des conquistadors, explorateurs, puis colons et commerçants espagnols. Parti du Pérou, dont il font la conquête en 1531, les espagnols organisent en 1534-1535 des expéditions avec à leurs tête Diego de Almagro. C’est lui qui donnera au territoire le nom de « Chili », inspiré du mot Inca pour désigner le territoire. Quelque interprétations possible de la signification du mot sont « Neige », « là où la terre se termine » et l’onomatopée Mapuche du bruit de l’oiseau, soit « cheelee-cheelee ».
Les expéditions d’Almagro sont les premières, mais il appartient à Pedro de Valvidia d’établir les premières installations permanentes du territoire, dont Santiago (fondée le 12 février 1541).
La présence espagnole n’est pas sans causer de heurts importants avec les indiens Mapuches, et les 200 premières années de la présence coloniale espagnole au Chili sont marqués par une guerre incessante où les Mapuches seront constamment repoussés vers le Sud. On appelle cette période la « guerre d’Arauco » (1553-1880). Elle est combattue à différents niveaux d’intensité, mais se termine en 1880 quand l’armée chilienne élimine les dernières forces Mapuches structurées. C’est à ce moment que la partie sud du Chili est ajoutée au territoire actuel (Concepcion était alors la limite sud).
L’indépendance
En 1810, le roi Ferdinand est déposé du trône d’Espagne par Napoléon, qui le remplace par son frère Jérôme. Le Chili déclare son indépendance de l’Espagne, officiellement pour démontrer sa loyauté au roi légitime d’ Espagne et son rejet du nouveau monarque.
Cependant, à la restauration de Ferdinand en 1815, le Chili est réticent à retourner sa souveraineté et une armée doit être envoyé d’Europe pour reprendre le territoire (« la reconquista »). Le partisan chilien Bernardo O’Higgins prend la tête du mouvement nationaliste et organise une armée chilienne qui combattra les forces espagnoles pendant 2 ans (1816-1818), appuyée par l’Argentine voisine. O’Higgins triomphe des forces espagnoles lors de quelques combats importants et Ferdinand cède : L’indépendance est « accordée » le 12 février 1818. Bernardo O’Higgins devient le chef du nouvel État chilien (« Guide Suprême », 1818-1823).
Bernardo O’Higgins
Cette indépendance est principalement le fruit d’une conscience nationale qui s’affirme chez les citoyens d’origine espagnole, et elle est appuyée par la classe bourgeoise chilienne (les grands propriétaires terriens), qui s’opposent aux avantages de l’aristocratie espagnole et les contraintes au commerce imposées pour satisfaire aux intérêts de la couronne d’Espagne. Ainsi, une république est proclamée qui abolie les privilèges de la noblesse, mais le pouvoir politique, militaire et économique effectif demeure entre les mains d’une portion limitée de la population. Pour les 100 années suivantes, une démocratie limitée marquée par un régime autoritaire (mais stable) domine la scène. Les institutions sont inspiré du modèle américains, avec l’établissement d’un Congrès National à deux chambres : une chambre des députés et un sénat. Le drapeau national est aussi inspiré du drapeau américain.
19ième siècle
Le Chili du 19ième siècle est un pays qui prospère via son intégration au type de commerce encouragé par la puissance maritime d’alors, l’Angleterre. L’exportation de ressources primaires – principalement le nitrate, utilisé comme fertilisant et dans l’armement, et le cuivre – assurent une prospérité interssante a la classe dominante. Le Chili importe beaucoup.
Coincés au Sud par la rébellion perpétuelle des Mapuche et à l’Ouest par les Andes, les Chiliens décident d’étendre leur territoire vers le Nord en envahissant ses voisins le Pérou et la Bolivie. C’est la guerre de 1879-1883, qui permet au Chili d’annexer un territoire riche en nitrate représentant 1/3 de son actuelle superficie et qui frustre la Bolivie de son accès à la mer.
1920-1970
Les années 1920 sont marqué au Chili par la première période d’instabilité de la république, et ses premières juntes militaires. Entre 1924 et 1932, 10 gouvernements se succèdent, allant des nationalistes de droite aux ultras-progressistes de gauche. Le parti communiste chilien est créé en 1922. Une république de type soviétique est instaurée pendant quelques jours en 1932, avec à sa tête un type nommé Marmaduke Grove.
La crise économique qui frappe l’économie mondiale en 1929 frappe évidemment le Chili, très dépendant de ses exportations qui ne valent plus soudain qu’une fraction de sa valeur des années 20. Le Chili, jusqu’alors peu interventionniste, établie quelques mesures sociales. Les groupes populaires gagnent en influence.
En 1958, le Dr. Salvador Allende Goosens, du Parti Socialiste, est battu aux élections présidentielles par seulement 30 000 voix.
En 1964, Eduardo Frei, du Parti Chrétien-Démocrate, est élu président. Il offre comme plateforme électorale plusieurs mesures économiques et sociales progressistes, notamment la « chilénaisation » de l’économie (i.e. : le transfert a des propriétaires chiliens d’important secteurs économiques contrôlés par des intérêts étrangers, notamment les mines de cuivres entièrement dominées par les américains), et une réforme agraire pour redistribuer les terres vers les petits propriétaires (80% des terres sont la propriété d’une poignée de très grands propriétaires terriens).
Les réformes Frei sont initialement un succès mais se heurtent rapidement à la résistance des secteurs et des forces politiques impliqués. La droite le considère trop progressiste, la gauche trop hésitant dans ses réformes. Il nationalise quelques secteurs, mais garantie des conditions très avantageuses d’exploitation à plusieurs compagnie américaines. La polarisation droite/gauche s’accentue. Tout le monde est mécontent.
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
The great depression of the 1930s hit Chile very bad. Extremely dependent on revenues originating from its high copper exports, Chile was traumatized when the bottom fell out of the copper market. It thus moved away from its previous free-market orientation and became a pioneer of relatively strong government intervention. The economy, it was felt, should become more diversified, less dependent on the exterior markets, and the immense gap between the haves and the have-nots should be addressed. Government intervention, and not unfetterd market forces, was to become the key element to foster this evolution. Although foreign owned copper mines remained the major source of government resources, the Chilean government intervened quite actively in the economy. (…) Thanks to credit policies and protective tariffs, a diverse industrial base was developed in textile and light manufacturing, supplying goods for a rapidly increasing domestic market. The Chilean government also pioneered in creating social services to help out those citizens marginalized by market forces. (…) From 1938 and through the 1940s, the Radical Party, which represented a middle-of-the-road ideology, was able to govern by obtaining the support of the Socialist and Communist parties. In the 1950s, with the extension of the vote to women and the simultaneous emergence of a US instigated Cold War anti-communist mentality, the Radical Party continued to govern, but this time with the support of the conservative parties of Chile.
Unité Populaire et coup d’État
11 septembre 1973, Santiago
Aux élections de 1970, la gauche présente un candidat unique, le Dr. Allende, sous la bannière de « l’Unité Populaire ». Il propose un ambitieux programme de transition vers une économie planifiée de type socialiste, la nationalisation complète des mines de cuivre, une redistribution radicale de la propriété terrienne. Le modèle proposé par Allende est nommément « anti-capitaliste » et contre l’interférence américaine dans les affaires économiques et politiques chilienne. Allende sort gagnant d’une lutte électorale à 3, qui l’opposent aux sociaux-démocrates sortant et au « Partido Nacional » populiste de droite.
Le Chili, en 1970, c’est :
∑ 95.8% des terres sont distribuées à une poignée de propriétaires terriens.
∑ 2% de la population retire 46% du PIB.
∑ Les américains possèdent l'ensemble des mines de cuivres du pays, ce qui représente 85% des exports et totalise 1.5M$ de profits PAR JOURS, des sommes essentiellement siphonnées hors du pays.
∑ Un nombre alarmant d’enfants mal-nourris et de mortalité infantile.
S'ensuit une période de radicalisation de la société et de résistance aux réformes de la part des grands propriétaires. En 1973 (l'année du choc pétrolier), l'inflation est hors de contrôle et les grèves dans différents secteurs paralysent la société. La classe moyenne chilienne, particulièrement frappée par le choc économique, est divisée. Le gouvernement américain décide d’appuyer par toutes les voix possibles les efforts de renversement du gouvernement Allende, car le Chili est considéré comme stratégique dans la lutte globale contre le communisme. Les fonds mis à la disposition des opposants à Allende sont énormes et le support logistique impressionnant : une cellule de surveillance de la situation chilienne est mise en place à la Maison-Blanche. La presse chilienne appelle de plus en plus ouvertement à l’intervention militaire.
De 1970 à 1973, des éléments réactionnaires de l’armée chilienne s’apprêtent à organiser un coup. Le Général Schneider, chef de l’armée chilienne mais modéré notoire est éliminé dès les premiers jours du gouvernement Allende. Le 11 septembre 1973, le général en chef de l’armée de terre chilienne, Augusto Pinochet Ugarte (de concert avec les généraux en chef des 3 autres corps d’armée : l’aviation, la marine et la police nationale), lance le tristement célèbre coup d'État, au cours duquel l’aviation militaire bombarde le palais présidentiel. La légende veut qu'Allende se soit suicidé après sa dernière adresse au peuple à la radio, plutôt que de se rendre. Il se peut aussi qu'on l'ait exécuté.
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
« On October 11, one month after the coup, Pinochet made his first ‘state of the nation’ message. He declared that on the 11 September, it was the ‘Hand of God’ which had made its presence felt in Chile. The Junta, he said, had a mission : purifying Chile of its vices, ridding national life of ‘politicking, sectarianism and demagoguery’ ».
Pinochet entreprend une répression des éléments progressistes de la société, brise les mouvements sociaux, syndicaux et populaires. On compte généralement autour de 4000 victimes directes de la répression, incluant des meurtres à l’étranger (Général Prats, Orlando Letelier) et des victimes non-chiliennes (le film Missing, de Costa Gavras, relate la mort en détention du militant américain Charles Horman). La torture est systématique. De concert avec les juntes en place dans le cône sud de l’Amérique du Sud, la police politique chilienne contrôle tout. La justice chilienne est constamment contournée et les cours militaires sont couramment solicités pour juger des civils. Les syndicats ne sont pas abolis, sauf la « Confédération Unie des Travailleurs (CUT)», mais sont vidés de tous éléments potentiellement progressistes. Plusieurs partis de gauches se reforment à l’étranger et participent a des efforts de guérillas clandestines.
Aussitôt au pouvoir, Pinochet entreprend des politiques économiques dont s'inspireront bientôt les Reagan et Thatcher (« laissez-faire » économique professé par des conseillers économiques de « l’École de Chicago »). Pinochet établit en 1980 une constitution qui lui permet de se faire plébisciter président tous les 8 ans. Il y enchâsse une loi de 1978 sur l’Amnistie contre les crimes de la dictature. À partir de 1986, un ouverture lente commence au Chili, où un certain nombre de partis politiques sont autorisés et une plus grande liberté de presse est tolérée (suite à l’« accord national », 1985).
Transition
En 1988, à la surprise générale, il perd le plébiscite (de type « oui/non ») devant le reconduire comme président. Il crée une plus grande surprise encore en acceptant sa défaite et en quittant la présidence. Sa constitution lui garantie cependant une longue transition de 17 mois, le maintient de son poste à la tête des armées et le contrôle sur un nombre-clé de nominations au Sénat national. Il contrôle ainsi plusieurs leviers verrouillants les réformes et la prosécution des criminels de la dictature, en plus de maintenir les éléments progressistes dans la peur d’un nouveau coup de force militaire.
Patricio Aylwin est élu président en 1989 et commence son mandat de 5 ans en 1990. Il est le représentant d’une coalition de partis désignée sous le nom de « la concertation ». Cette coalition comprend les partis qui furent membres de l’Unité Populaire d’Allende. Depuis 1989, elle domine la scène politique chilienne. Eduardo Frei Jr à succédé à Aylwin en 1995, et Ricardo Lagos est président depuis 2000. La principale coalition d’opposition, « l’alliance », réunie les partis de droite, dont le Partido Nacional. Les élections présidentielles sont prévues pour décembre 2005 et Michelle Bachelet, membre du Parti Socialiste et ministre de la Défense, portera les couleurs de « la concertation ».
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
« The man who had ruled over the destiny of Chile for nearly seventeen years with an iron fist kept busy in the period preceding the inauguration on March 11, 1990. He consolidated the power of the military by upgrading laws that banned civilian interference with military budgets, promotions or education. He guaranteed the armed forces 10% of all gross revenues of state copper firms. At military ceremonies he assured his troops that he would protect them from ‘unjust’ prosecution. In October 1989 he warned that ‘the day they touch any of my men, the state of law is ended’.
His method for maintaining his influence over the supreme court of Chile was fairly straightforward : he offered all justices over seventy-five a generous bonus for early retirement. (…) only four out of ten eligible candidates declined the offer. Pinochet was thus able to name six more judges.
The man who had ousted thousands of Popular Unity civil servants after the coup, now drafted a law protecting all civil servants from dismissal. He (…) hurried to privatize prized government assets : television stations, newspapers and Lan-Chile (national airline).
(…) the CNI (former DINA, national secret services/political police) had been under the personal command of the president; now he simply decided to turn the agency into army intelligence, thus shielding it from civilian prying (…).
(…) Strangely enough, during the last months of the military rule, several secret police veterans were assassinated; presumably, they knew too much. »
Organisation
Démocratie chilienne
Droits humains
Héritage de la dictature
En terme de droits humains, le Chili digère encore l’héritage de la dictature. Une commission de type « vérité et réconciliation » a eu lieu au Chili, mais le contrôle par les forces réactionnaires de positions-clés au parlement, qui rend presque impossible les amendements constitutionnels et l’adoption de lois musclées contre les crimes commis par la dictature, ainsi que la peur qu’inspire toujours l’armée, a rendu l’exercice stérile.
Quelques officiers de seconde importance ont du répondre de leurs actes concernant quelques événements, souvent lorsqu’il est question de la disparition de citoyens étrangers. Les principales têtes dirigeantes de la dictature, comme il est possible de le constater en suivant la saga juridique entourant Augusto Pinochet, demeurent généralement impunis. La résilience de certains militants des droits humains permet cependant de maintenir la pression, et certains faits sont lentement dévoilés.
Le cas Pinochet est patent dans la difficulté de poursuivre devant la justice chilienne les criminels de la dictature. La constitution de 1980 garantie un siège de sénateur à vie aux présidents sortants, ce qui alloue une immunité parlementaire à la clé face à la justice chilienne (qui s’ajoute à la loi d’amnistie des crimes de la dictature de 1978). En 1998, un juge espagnol enquêtant sur la disparition de citoyens espagnols sous la dictature au Chili obtient du gouvernement Anglais la mise en résidence surveillée du Général Pinochet, alors en visite au Royaume-Uni. Après plusieurs mois de suspense, la justice britannique se prononce cependant contre l’extradition en Espagne de l’ex-dictateur, entre autres pour des raisons de santé. Pinochet invoque effectivement son piètre état de santé et sa sénilité.
Rentré au Chili (ou l’armée l’acceuille en grande pompe), la pression devient insupportable sur Pinochet pour qu’il démissionne de son poste de chef des armées, puisqu’il affirme lui-même sa sénilité. Il acquiesce, mais conserve son poste de sénateur.
Il participe a une entrevue télévisée en 2003 pour célébrer les 30 ans du coup d’État, où il se montre en pleine forme. Il démissionne de son poste de sénateur. Les requêtes pleuvent pour lever l’immunité dont il jouit (via la loi d’amnistie), mais sont à tous les coups refusées par la Cour suprême chilienne, l’interprète de la constitution.
La vérité sur les crimes de la dictature est très difficile à faire. 30 000 chiliens auraient souffert de la torture, et 4000 personnes auraient été tuées par la junte. Le « raffinement » des techniques de tortures, de meurtres et de prosécution contournant les règles élémentaires de la justice chilienne et internationale ont fait de la junte chilienne un exemple d’horreur structurée. Plusieurs « camps » ont opéré au Chili, dont le stade national. Un des plus « célèbre » est celui du navire-école « La Esmeralda », un grand voilier de la marine de guerre chilienne où plusieurs chiliens ont été torturés dans les premiers jours de la dictature, dans le port de Valparaiso. La figure de proue de « La Esmeralda » est un condor. Plusieurs témoignages parlent aussi du largage dans l’océan de prisonniers vivants mais éventrés, enchaînés, à partir d’hélicoptères.
Une longue liste d’acteurs importants du gouvernement Allende (des ministres, des militaires loyalistes, des ambassadeurs) a été traquée et exécutée entre 1973 et 1976, au Chili comme à l’étranger, dans le cadre du « Plan Condor ». La collaboration des dictatures brésiliennes et argentines est généralement admise. Le poète Pablo Neruda, ambassadeur à Paris lors de la première année du gouvernement Allende, meurt à Santiago dans les premières semaines du régime Pinochet.
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
« On April 19, 1978, Pinochet decided the time had come to absolve all his men of their crimes. He issued Decree Law 2191 which granted amnesty to all ‘authors, accomplices or concealers’ of politically connected crimes committed since the coup. The time has come, the law stipulated, to ‘leave hatreds behind’ and to foster national reunification. As a result of this amnesty, several hundred imprisoned leftists were freed and sent directly into exile but its major effect was to leave totally unpunished those who had perpetrated brutal and relentless repression. »
Post-dictature
Depuis la fin de la dictature, la minorité mapuche a recommencé à se faire entendre. Des allégations de torture sont portées par Amnistie internationale contre l’État chilien concernant des leaders mapuches emprisonnés.
Constitution avec charte des droits
Une charte est absente de la constitution chilienne. La constitution garantie cependant l’habeas corpus. Le Chili est signataire de la Charte des Nations Unies. La loi d’amnistie garantie l’immunité contre les crimes de guerre. Un amendement à la constitution nécessite les 2/3 des voix du Congrès National, un nombre impossible à atteindre selon la répartition actuelle.
Éventail des idéologies représentées
Scène politique
La scène politique est dominée par 2 coalitions :
« La Concertacion » réunie les partis Socialistes, Sociaux-démocrates et Chrétiens-Démocrates. La Concertacion est au pouvoir depuis les élections de 1989. Elle gouverne en pratiquant des politiques économiques néo-libérale, et fait ce qu’elle peut avec les politiques sociales.
Les chrétiens-démocrates ont été originellement des supporters du coup, mais s’en sont distancés alors qu’il est devenu clair que les militaires n’allaient pas retourner rapidement le pouvoir aux civils. De plus, les réformes économiques de Pinochet n’ont pas seulement éliminé le travail du gouvernement Allende, mais aussi des acquis du précédent gouvernement Chrétien-Démocrate d’Éduardo Frei.
« L’Allianza » est une coalition de droite populiste réunie autour du « Partido Nacional ». Le Partido Nacionaln’a jamais exercé le pouvoir au Chili. Son existence précède le coup d’État et est considérés par certains comme le « parti de la dictature ».
Scène sociale
On retrouve dans la société chilienne un très large éventail de tendances politiques, allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par les groupes altermondialistes, les groupes d’autonomistes indigènes, les groupes de théologiens de la libération et les groupes para-militaires d’extrême droite.
Médias
Les médias sont souvent la propriété de groupes conservateurs, comme les journaux Mercurio et La secunda (l’existence de ces deux journaux précède la dictature, mais ont été des voix pro-junte avant et pendant la dictature). Quelques postes de télévisions sont associés au clergé. L’État est propriétaires d’une chaîne télé généralement considérée comme indépendante, ainsi que d’un journal. Le Chili est 42ième sur la liste de Reporters sans frontières de la liberté de presse, un résultat moyen qui le place dans le 2ième quart du classement.
Type de régime politique
Présidence et Congrès National
Le système politique chilien est structuré à l’exemple du système américain : il est composé de 3 branches, soit la présidence (pouvoir exécutif), le Congrès National (pouvoir législatif) et la justice (pouvoir judiciaire).
Le président est élu au suffrage universel tous les 5 ans. Le président nomme un conseil des ministres. Comme au États Unis et contrairement au Canada, les ministres n’ont pas à être des élus. La constitution de 1980 a retiré au président le privilège de nommer ou de relever de ses fonctions le général en chef des armées.
Le Congrès est composé de 2 chambres : une chambre des députés (120 sièges) et un Sénat (38 élus + 9 nommés). Un tiers du Sénat actuel est composé de sénateurs nommés à vie par Pinochet. Les sièges électifs du Congrès sont en jeu pour des mandats de 6 ans. Un tiers de la chambre des députés est renouvelé par élections tous les 2 ans.
La cour suprême du Chili est composée de 10 juges nommés à vie par le président. Les juges actuels ont tous été nommés sous Pinochet, dont 6 pendant la période de transition.
L’armée est redevable devant le Président, via son ministre de la défense. La police nationale, part intégrante de l’armée en 1973 et 1990, est maintenant la responsabilité du ministre de l’intérieur. Les membres de la police nationale conservent toutefois un rang militaire.
Un régime unitaire
Contrairement aux Etats-Unis, dont le Chili s’inspire pour sa structure gouvernementale, la république est un régime unitaire central : le territoire est divisé en une quinzaine de divisions administratives, mais elles disposent de peu d’autonomie face au gouvernement central. Le président nomme les gouverneurs régionaux.
Partis politiques
Le mode électoral par listes encourage les partis à former des coalitions. Les principaux partis actifs au Chili sont :
Coalition « Concertacion (Concertation des partis pour la démocratie)» : PS, PSD, PDC , Parti pour la démocratie (centre-gauche, au pouvoir); Coalition « Allianza (Alliance pour le Chili )» : Parti National (droite populiste «pinochétiste»), Union Démocrate Indépendante, Rénovation Nationale ; Parti Communiste;
Enjeux politiques locaux
La politique économique néo-libérale menée sans temps d’arrêt depuis 1973 est un enjeu important au Chili. Elle affecte d’abord les conditions de travail, alors que le code du travail adopté par Pinochet en 1980 est resté relativement inchangé (le droit à la syndicalisation a été légèrement facilité). La santé et la sécurité au travail est un immense problème. L’écart riches/pauvres est très prononcé. Les répercussions sur l’environnement – qualité de l’air, protection des forêts, des eaux – semblent ne pas inquiéter les décideurs.
Le Chili a refusé de s’associer aux américains dans l’invasion de l’Irak, mais a conclu un accord de libre-échange avec eux qui s’ajoute à un accord d’association avec l’UE. Le Chili a été l’hôte du sommet de la Communauté économique Asie-Pacifique (APEC), en 2004.
Un scandale concernant la corruption et le financement occulte des partis a éclaboussé la coalition « Concertacion » en 2004 et 5 députés ont vu leur immunité levée pour permettre les poursuites.
La « démocratisation » du Chili, c’est-à-dire le déverrouillage des mécanismes installés par Pinochet contre les réformes structurelles des institutions, est un dossier toujours très actuel.
Le Chili poursuit des efforts de conciliations avec son voisin péruvien (mesure de confiance en matières militaires), et tente de trouver un terrain d’entente avec la Bolivie concernant l’accès a un port gazier. L’instabilité politique en Bolivie (rumeurs de guerres civiles) rend cependant improbable une résolution rapide de ce différent vieux de 120 ans.
En conclusion
La transition et la paix n’est pas encore faite au Chili suite à la dictature. Il est positif que la transition se soit effectuée dans la paix, et la liberté du Chilien moyen s’est agrandie. Cependant, d’une part, les criminels de la dictature n’ont toujours pas été punis; d’autre part, la scène politique est toujours monopolisée par le clivage « concertacion » versus les forces occultes de l’ex-Junte. Électoralement, depuis 15 ans, « la concertacion » n’a jamais quitté le pouvoir et il n’y a donc eu aucune transition pacifique d’un gouvernement élu a un autre depuis 1970.
Il est important de comprendre que la société chilienne elle-même est encore extrêmement divisée concernant les années Pinochet. Il serait faux de dire que personne au Chili ne le supporte, sinon une frange occulte mais puissante de la population. Même parmi les classes très pauvres, on retrouve des supporters de la junte. Des familles entières sont encore divisées sur la question.
Le Chili est un exportateur de modèle pour l’Amérique du Sud présentement, qu’on applaudisse son exemple ou non. Le Chili a envoyé des experts au Mexique en 1995 suite à la crise économique. Le Chili verse de l’argent au FMI, alors que son voisin péruvien est receveur. Le Chili s’en définitivement mieux tiré d’affaire dans les dernières années que ses voisins argentins et péruviens. Le Chili a signé un accord de libre-échange avec les États Unis et pourrait bien être un faux frère auprès de ses voisins au sein du MERCOSUR, notamment le Brésil, en vue des négociations de la ZLÉA.
Mouvements sociaux et forces progressistes
Le mouvement social et les forces progressistes récupèrent lentement du traumatisme de la dictature. Suite au coup d’État, les militants ont été pourchassés, tués, torturés et certains ont fui dans la clandestinité. 500,000 chiliens sont partis en exil. Les Parti Communiste et Socialiste ont entrepris une guérilla (« Front Patriotique Manuel Rodriguez »).
Pendant la dictature, quelques mouvements sporadiques ont été sévèrement réprimés. Des sursauts de mobilisation populaire ont eu lieu en 1978 et en 1983. Suite à une tentative d’assassinat de Pinochet, en 1986, une « dernière » vague de répression fini d’achever l’opposition clandestine.
La mobilisation des mères des personnes disparues apparaît comme une des seules manifestation durable de mobilisation par un groupe. Le mouvement « Donde estan? (où sont-ils?)» manifestait quotidiennement sur des places publiques pour demander des comptes sur les personnes volatilisées dans les premières années de la junte. Comme beaucoup de cas individuels n’ont jamais été résolus, plusieurs familles travaillent encore à la cause de la vérité sur les crimes de la dictature.
Suite à la dictature, la Confédération unie des travailleurs (CUT) est sortie de l’illégalité, tout comme les partis communistes et socialistes, et la Fédération des étudiants du Chili (FECH).
Plusieurs difficultés ont compliqué la résurgence des mouvements progressistes au Chili :
- La crainte et la méfiance d’un autre coup d’État dans la population comme chez les militants
- Les espoirs mis dans la coalition de « La concertacion »
- L’obstruction systémique des éléments réactionnaires occupant toujours des postes importants dans les administrations publiques, académiques, policières et militaires
- L’attachement romantique aux « luttes d’hier » qui aliène la vieille génération à la jeune génération de militants
Alors qu’à la fin de la présidence Allende 35% de la population était syndiqué. On n’en compte plus qu’environ 10%. Une grande « grève générale » menée par la CUT a eu lieu en août 2003. C’était la première depuis 1973 faite à l’appel de cette centrale syndicale.
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
« Some students paid dearly for their activism. In 1985, an engineering student, Patricio Manzano, died after his arrest in a police raid on a FECH project : his heart stopped beating during his detention. In that same year, Rodrigo Rojas, a nineteen-years-old chilean exile visiting from Washington, and Carmen Quintanas, eighteen, were participating in a two-days national protest when they were confronted by an army patrol in a shantytown, dwosed with gasoline, set afire and abandoned in a roadside ditch. (…) Carmen was hospitalized, and, thanks to solidarity groups in Quebec, treated in a highly specialized Montreal hospital; She survived (…)She courageously returned to Chile and joined the struggle for freedom. »
Colectivos de trabajador@s (CC.TT)
Colectivos de trabajador@s (CC.TT - Collectifs de travailleurs) est un organisme fondé il y a 5 ans pour informer et organiser le militantisme ouvrier par la base. Il organise des ateliers de formation et d’éducation populaire pour les droits et la conscientisation des travailleurs, et des événements dans les quartiers populaires de 3 villes du Chili : Santiago, Concepcion (principalement auprès des débardeurs) et La Serena (principalement dans les bidonvilles). Il se veut un réseau d’appui aux initiatives ouvrières et populaire, et un outil de renforcement du pouvoir collectif des travailleurs.
Chaque bureau compte une dizaine de bénévoles.
Ma mission auprès d’eux sera d’aider à intégrer et uniformiser en un seul portail les sites Web des trois branches de l’organisme.
Sources :
wikipedia.org (Chile, Santiago, Allende, Pinochet)
CIA.gov (World Factbook, Chile)
US State Department - State.gov (Country Overview, Chile)
CHILE (coursepack), par Ovide Bastien, Collège Dawson, 2004
L’état du monde 2003 et 2004
Site Web du Monde Diplomatique
Site Web d’Alternatives
Rapport de stage et témoignage d’Annie Bonsaint, stagiaire 2004 d’Alternatives
Notes tirées de la conférence "les fractures de la mondialisation: exemple de la Chine et de l'Amérique du Sud", UQÀM - 23 septembre 2004, Institut d'études internationales de Montréal, présentation de Sylvain Turcotte, Chaire Raoul-Dandurand, « Rôle particulier de l'Amérique du Sud dans la mondialisation »
Quelques indicateurs
Indépendance (de l’Espagne) déclarée: 18 septembre 1810
Indépendance acquise : 12 février 1818
Population: 16 000 000
Population autochtone Mapuche (plus large minorité): 600 000
Capitale: Santiago de Chile ("Saint-Jacques du Chili")
Population: 4 700 000
Superficie du pays: 757 000 KM carrés (inclus l'île de Pâques)
Produit interieur brut (PIB, par capita): environ 10 000 US$
Principal produit d'exportation: le cuivre
Balance d'export (2004): 30 milliards US$
Principal produit d'importation: le pétrole
Balance d'import (2004): 22.5 milliards US$
Secteur industriel (cuivres, acier, etc.): 39% du PIB
Pourcentage de la population active employée par le secteur industriel: 23%
Taux de chômage (2004): 8-10%
Population sous le seuil de la pauvreté (2004): 20%
Pourcentage de la population active syndiquée : 11%
Service militaire : obligatoire, 2 ans
Peine de mort: abolie (sauf tribunaux militaires)
Rang dans l'échelle de la liberté de la presse
(Reporters sans frontières): No. 42 (Canada: 18 - Corée du Nord: 167)
Chef d’État : Présidente Ricardo Lagos
(Parti Socialiste, membre de la coalition « Concertacion »)
Prochaine élection présidentielle : Décembre 2005
Nombres d’années sans coup d’État: 32 ans
Devise nationale : « Par la raison, où par la force! »
Contexte général historique
La « préhistoire »
La présence autochtone au Chili remonte a environ 10 000 ans. Ce sont les indiens Mapuche (aussi connu sous le nom d’Araucanos) qui ont d’abord occupés le territoire. Les Incas ont envahis le nord de l’actuel Chili. Les Mapuches, moins structurés socialement que les incas (contrairement à l’empire Inca, on ne parle pas d’un empire Mapuche, qui est une civilisation principalement organisée autour de la famille étendue, sans grand système politique et guerrier qui intègre l’ensemble des Mapuches), résistent cependant avec succès à la poussée vers le sud de l’envahisseur.
La résilience Mapuche sera cependant mise à rude épreuve avec l’arrivé des conquistadors, explorateurs, puis colons et commerçants espagnols. Parti du Pérou, dont il font la conquête en 1531, les espagnols organisent en 1534-1535 des expéditions avec à leurs tête Diego de Almagro. C’est lui qui donnera au territoire le nom de « Chili », inspiré du mot Inca pour désigner le territoire. Quelque interprétations possible de la signification du mot sont « Neige », « là où la terre se termine » et l’onomatopée Mapuche du bruit de l’oiseau, soit « cheelee-cheelee ».
Les expéditions d’Almagro sont les premières, mais il appartient à Pedro de Valvidia d’établir les premières installations permanentes du territoire, dont Santiago (fondée le 12 février 1541).
La présence espagnole n’est pas sans causer de heurts importants avec les indiens Mapuches, et les 200 premières années de la présence coloniale espagnole au Chili sont marqués par une guerre incessante où les Mapuches seront constamment repoussés vers le Sud. On appelle cette période la « guerre d’Arauco » (1553-1880). Elle est combattue à différents niveaux d’intensité, mais se termine en 1880 quand l’armée chilienne élimine les dernières forces Mapuches structurées. C’est à ce moment que la partie sud du Chili est ajoutée au territoire actuel (Concepcion était alors la limite sud).
L’indépendance
En 1810, le roi Ferdinand est déposé du trône d’Espagne par Napoléon, qui le remplace par son frère Jérôme. Le Chili déclare son indépendance de l’Espagne, officiellement pour démontrer sa loyauté au roi légitime d’ Espagne et son rejet du nouveau monarque.
Cependant, à la restauration de Ferdinand en 1815, le Chili est réticent à retourner sa souveraineté et une armée doit être envoyé d’Europe pour reprendre le territoire (« la reconquista »). Le partisan chilien Bernardo O’Higgins prend la tête du mouvement nationaliste et organise une armée chilienne qui combattra les forces espagnoles pendant 2 ans (1816-1818), appuyée par l’Argentine voisine. O’Higgins triomphe des forces espagnoles lors de quelques combats importants et Ferdinand cède : L’indépendance est « accordée » le 12 février 1818. Bernardo O’Higgins devient le chef du nouvel État chilien (« Guide Suprême », 1818-1823).
Bernardo O’Higgins
Cette indépendance est principalement le fruit d’une conscience nationale qui s’affirme chez les citoyens d’origine espagnole, et elle est appuyée par la classe bourgeoise chilienne (les grands propriétaires terriens), qui s’opposent aux avantages de l’aristocratie espagnole et les contraintes au commerce imposées pour satisfaire aux intérêts de la couronne d’Espagne. Ainsi, une république est proclamée qui abolie les privilèges de la noblesse, mais le pouvoir politique, militaire et économique effectif demeure entre les mains d’une portion limitée de la population. Pour les 100 années suivantes, une démocratie limitée marquée par un régime autoritaire (mais stable) domine la scène. Les institutions sont inspiré du modèle américains, avec l’établissement d’un Congrès National à deux chambres : une chambre des députés et un sénat. Le drapeau national est aussi inspiré du drapeau américain.
19ième siècle
Le Chili du 19ième siècle est un pays qui prospère via son intégration au type de commerce encouragé par la puissance maritime d’alors, l’Angleterre. L’exportation de ressources primaires – principalement le nitrate, utilisé comme fertilisant et dans l’armement, et le cuivre – assurent une prospérité interssante a la classe dominante. Le Chili importe beaucoup.
Coincés au Sud par la rébellion perpétuelle des Mapuche et à l’Ouest par les Andes, les Chiliens décident d’étendre leur territoire vers le Nord en envahissant ses voisins le Pérou et la Bolivie. C’est la guerre de 1879-1883, qui permet au Chili d’annexer un territoire riche en nitrate représentant 1/3 de son actuelle superficie et qui frustre la Bolivie de son accès à la mer.
1920-1970
Les années 1920 sont marqué au Chili par la première période d’instabilité de la république, et ses premières juntes militaires. Entre 1924 et 1932, 10 gouvernements se succèdent, allant des nationalistes de droite aux ultras-progressistes de gauche. Le parti communiste chilien est créé en 1922. Une république de type soviétique est instaurée pendant quelques jours en 1932, avec à sa tête un type nommé Marmaduke Grove.
La crise économique qui frappe l’économie mondiale en 1929 frappe évidemment le Chili, très dépendant de ses exportations qui ne valent plus soudain qu’une fraction de sa valeur des années 20. Le Chili, jusqu’alors peu interventionniste, établie quelques mesures sociales. Les groupes populaires gagnent en influence.
En 1958, le Dr. Salvador Allende Goosens, du Parti Socialiste, est battu aux élections présidentielles par seulement 30 000 voix.
En 1964, Eduardo Frei, du Parti Chrétien-Démocrate, est élu président. Il offre comme plateforme électorale plusieurs mesures économiques et sociales progressistes, notamment la « chilénaisation » de l’économie (i.e. : le transfert a des propriétaires chiliens d’important secteurs économiques contrôlés par des intérêts étrangers, notamment les mines de cuivres entièrement dominées par les américains), et une réforme agraire pour redistribuer les terres vers les petits propriétaires (80% des terres sont la propriété d’une poignée de très grands propriétaires terriens).
Les réformes Frei sont initialement un succès mais se heurtent rapidement à la résistance des secteurs et des forces politiques impliqués. La droite le considère trop progressiste, la gauche trop hésitant dans ses réformes. Il nationalise quelques secteurs, mais garantie des conditions très avantageuses d’exploitation à plusieurs compagnie américaines. La polarisation droite/gauche s’accentue. Tout le monde est mécontent.
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
The great depression of the 1930s hit Chile very bad. Extremely dependent on revenues originating from its high copper exports, Chile was traumatized when the bottom fell out of the copper market. It thus moved away from its previous free-market orientation and became a pioneer of relatively strong government intervention. The economy, it was felt, should become more diversified, less dependent on the exterior markets, and the immense gap between the haves and the have-nots should be addressed. Government intervention, and not unfetterd market forces, was to become the key element to foster this evolution. Although foreign owned copper mines remained the major source of government resources, the Chilean government intervened quite actively in the economy. (…) Thanks to credit policies and protective tariffs, a diverse industrial base was developed in textile and light manufacturing, supplying goods for a rapidly increasing domestic market. The Chilean government also pioneered in creating social services to help out those citizens marginalized by market forces. (…) From 1938 and through the 1940s, the Radical Party, which represented a middle-of-the-road ideology, was able to govern by obtaining the support of the Socialist and Communist parties. In the 1950s, with the extension of the vote to women and the simultaneous emergence of a US instigated Cold War anti-communist mentality, the Radical Party continued to govern, but this time with the support of the conservative parties of Chile.
Unité Populaire et coup d’État
11 septembre 1973, Santiago
Aux élections de 1970, la gauche présente un candidat unique, le Dr. Allende, sous la bannière de « l’Unité Populaire ». Il propose un ambitieux programme de transition vers une économie planifiée de type socialiste, la nationalisation complète des mines de cuivre, une redistribution radicale de la propriété terrienne. Le modèle proposé par Allende est nommément « anti-capitaliste » et contre l’interférence américaine dans les affaires économiques et politiques chilienne. Allende sort gagnant d’une lutte électorale à 3, qui l’opposent aux sociaux-démocrates sortant et au « Partido Nacional » populiste de droite.
Le Chili, en 1970, c’est :
∑ 95.8% des terres sont distribuées à une poignée de propriétaires terriens.
∑ 2% de la population retire 46% du PIB.
∑ Les américains possèdent l'ensemble des mines de cuivres du pays, ce qui représente 85% des exports et totalise 1.5M$ de profits PAR JOURS, des sommes essentiellement siphonnées hors du pays.
∑ Un nombre alarmant d’enfants mal-nourris et de mortalité infantile.
S'ensuit une période de radicalisation de la société et de résistance aux réformes de la part des grands propriétaires. En 1973 (l'année du choc pétrolier), l'inflation est hors de contrôle et les grèves dans différents secteurs paralysent la société. La classe moyenne chilienne, particulièrement frappée par le choc économique, est divisée. Le gouvernement américain décide d’appuyer par toutes les voix possibles les efforts de renversement du gouvernement Allende, car le Chili est considéré comme stratégique dans la lutte globale contre le communisme. Les fonds mis à la disposition des opposants à Allende sont énormes et le support logistique impressionnant : une cellule de surveillance de la situation chilienne est mise en place à la Maison-Blanche. La presse chilienne appelle de plus en plus ouvertement à l’intervention militaire.
De 1970 à 1973, des éléments réactionnaires de l’armée chilienne s’apprêtent à organiser un coup. Le Général Schneider, chef de l’armée chilienne mais modéré notoire est éliminé dès les premiers jours du gouvernement Allende. Le 11 septembre 1973, le général en chef de l’armée de terre chilienne, Augusto Pinochet Ugarte (de concert avec les généraux en chef des 3 autres corps d’armée : l’aviation, la marine et la police nationale), lance le tristement célèbre coup d'État, au cours duquel l’aviation militaire bombarde le palais présidentiel. La légende veut qu'Allende se soit suicidé après sa dernière adresse au peuple à la radio, plutôt que de se rendre. Il se peut aussi qu'on l'ait exécuté.
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
« On October 11, one month after the coup, Pinochet made his first ‘state of the nation’ message. He declared that on the 11 September, it was the ‘Hand of God’ which had made its presence felt in Chile. The Junta, he said, had a mission : purifying Chile of its vices, ridding national life of ‘politicking, sectarianism and demagoguery’ ».
Pinochet entreprend une répression des éléments progressistes de la société, brise les mouvements sociaux, syndicaux et populaires. On compte généralement autour de 4000 victimes directes de la répression, incluant des meurtres à l’étranger (Général Prats, Orlando Letelier) et des victimes non-chiliennes (le film Missing, de Costa Gavras, relate la mort en détention du militant américain Charles Horman). La torture est systématique. De concert avec les juntes en place dans le cône sud de l’Amérique du Sud, la police politique chilienne contrôle tout. La justice chilienne est constamment contournée et les cours militaires sont couramment solicités pour juger des civils. Les syndicats ne sont pas abolis, sauf la « Confédération Unie des Travailleurs (CUT)», mais sont vidés de tous éléments potentiellement progressistes. Plusieurs partis de gauches se reforment à l’étranger et participent a des efforts de guérillas clandestines.
Aussitôt au pouvoir, Pinochet entreprend des politiques économiques dont s'inspireront bientôt les Reagan et Thatcher (« laissez-faire » économique professé par des conseillers économiques de « l’École de Chicago »). Pinochet établit en 1980 une constitution qui lui permet de se faire plébisciter président tous les 8 ans. Il y enchâsse une loi de 1978 sur l’Amnistie contre les crimes de la dictature. À partir de 1986, un ouverture lente commence au Chili, où un certain nombre de partis politiques sont autorisés et une plus grande liberté de presse est tolérée (suite à l’« accord national », 1985).
Transition
En 1988, à la surprise générale, il perd le plébiscite (de type « oui/non ») devant le reconduire comme président. Il crée une plus grande surprise encore en acceptant sa défaite et en quittant la présidence. Sa constitution lui garantie cependant une longue transition de 17 mois, le maintient de son poste à la tête des armées et le contrôle sur un nombre-clé de nominations au Sénat national. Il contrôle ainsi plusieurs leviers verrouillants les réformes et la prosécution des criminels de la dictature, en plus de maintenir les éléments progressistes dans la peur d’un nouveau coup de force militaire.
Patricio Aylwin est élu président en 1989 et commence son mandat de 5 ans en 1990. Il est le représentant d’une coalition de partis désignée sous le nom de « la concertation ». Cette coalition comprend les partis qui furent membres de l’Unité Populaire d’Allende. Depuis 1989, elle domine la scène politique chilienne. Eduardo Frei Jr à succédé à Aylwin en 1995, et Ricardo Lagos est président depuis 2000. La principale coalition d’opposition, « l’alliance », réunie les partis de droite, dont le Partido Nacional. Les élections présidentielles sont prévues pour décembre 2005 et Michelle Bachelet, membre du Parti Socialiste et ministre de la Défense, portera les couleurs de « la concertation ».
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
« The man who had ruled over the destiny of Chile for nearly seventeen years with an iron fist kept busy in the period preceding the inauguration on March 11, 1990. He consolidated the power of the military by upgrading laws that banned civilian interference with military budgets, promotions or education. He guaranteed the armed forces 10% of all gross revenues of state copper firms. At military ceremonies he assured his troops that he would protect them from ‘unjust’ prosecution. In October 1989 he warned that ‘the day they touch any of my men, the state of law is ended’.
His method for maintaining his influence over the supreme court of Chile was fairly straightforward : he offered all justices over seventy-five a generous bonus for early retirement. (…) only four out of ten eligible candidates declined the offer. Pinochet was thus able to name six more judges.
The man who had ousted thousands of Popular Unity civil servants after the coup, now drafted a law protecting all civil servants from dismissal. He (…) hurried to privatize prized government assets : television stations, newspapers and Lan-Chile (national airline).
(…) the CNI (former DINA, national secret services/political police) had been under the personal command of the president; now he simply decided to turn the agency into army intelligence, thus shielding it from civilian prying (…).
(…) Strangely enough, during the last months of the military rule, several secret police veterans were assassinated; presumably, they knew too much. »
Organisation
Démocratie chilienne
Droits humains
Héritage de la dictature
En terme de droits humains, le Chili digère encore l’héritage de la dictature. Une commission de type « vérité et réconciliation » a eu lieu au Chili, mais le contrôle par les forces réactionnaires de positions-clés au parlement, qui rend presque impossible les amendements constitutionnels et l’adoption de lois musclées contre les crimes commis par la dictature, ainsi que la peur qu’inspire toujours l’armée, a rendu l’exercice stérile.
Quelques officiers de seconde importance ont du répondre de leurs actes concernant quelques événements, souvent lorsqu’il est question de la disparition de citoyens étrangers. Les principales têtes dirigeantes de la dictature, comme il est possible de le constater en suivant la saga juridique entourant Augusto Pinochet, demeurent généralement impunis. La résilience de certains militants des droits humains permet cependant de maintenir la pression, et certains faits sont lentement dévoilés.
Le cas Pinochet est patent dans la difficulté de poursuivre devant la justice chilienne les criminels de la dictature. La constitution de 1980 garantie un siège de sénateur à vie aux présidents sortants, ce qui alloue une immunité parlementaire à la clé face à la justice chilienne (qui s’ajoute à la loi d’amnistie des crimes de la dictature de 1978). En 1998, un juge espagnol enquêtant sur la disparition de citoyens espagnols sous la dictature au Chili obtient du gouvernement Anglais la mise en résidence surveillée du Général Pinochet, alors en visite au Royaume-Uni. Après plusieurs mois de suspense, la justice britannique se prononce cependant contre l’extradition en Espagne de l’ex-dictateur, entre autres pour des raisons de santé. Pinochet invoque effectivement son piètre état de santé et sa sénilité.
Rentré au Chili (ou l’armée l’acceuille en grande pompe), la pression devient insupportable sur Pinochet pour qu’il démissionne de son poste de chef des armées, puisqu’il affirme lui-même sa sénilité. Il acquiesce, mais conserve son poste de sénateur.
Il participe a une entrevue télévisée en 2003 pour célébrer les 30 ans du coup d’État, où il se montre en pleine forme. Il démissionne de son poste de sénateur. Les requêtes pleuvent pour lever l’immunité dont il jouit (via la loi d’amnistie), mais sont à tous les coups refusées par la Cour suprême chilienne, l’interprète de la constitution.
La vérité sur les crimes de la dictature est très difficile à faire. 30 000 chiliens auraient souffert de la torture, et 4000 personnes auraient été tuées par la junte. Le « raffinement » des techniques de tortures, de meurtres et de prosécution contournant les règles élémentaires de la justice chilienne et internationale ont fait de la junte chilienne un exemple d’horreur structurée. Plusieurs « camps » ont opéré au Chili, dont le stade national. Un des plus « célèbre » est celui du navire-école « La Esmeralda », un grand voilier de la marine de guerre chilienne où plusieurs chiliens ont été torturés dans les premiers jours de la dictature, dans le port de Valparaiso. La figure de proue de « La Esmeralda » est un condor. Plusieurs témoignages parlent aussi du largage dans l’océan de prisonniers vivants mais éventrés, enchaînés, à partir d’hélicoptères.
Une longue liste d’acteurs importants du gouvernement Allende (des ministres, des militaires loyalistes, des ambassadeurs) a été traquée et exécutée entre 1973 et 1976, au Chili comme à l’étranger, dans le cadre du « Plan Condor ». La collaboration des dictatures brésiliennes et argentines est généralement admise. Le poète Pablo Neruda, ambassadeur à Paris lors de la première année du gouvernement Allende, meurt à Santiago dans les premières semaines du régime Pinochet.
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
« On April 19, 1978, Pinochet decided the time had come to absolve all his men of their crimes. He issued Decree Law 2191 which granted amnesty to all ‘authors, accomplices or concealers’ of politically connected crimes committed since the coup. The time has come, the law stipulated, to ‘leave hatreds behind’ and to foster national reunification. As a result of this amnesty, several hundred imprisoned leftists were freed and sent directly into exile but its major effect was to leave totally unpunished those who had perpetrated brutal and relentless repression. »
Post-dictature
Depuis la fin de la dictature, la minorité mapuche a recommencé à se faire entendre. Des allégations de torture sont portées par Amnistie internationale contre l’État chilien concernant des leaders mapuches emprisonnés.
Constitution avec charte des droits
Une charte est absente de la constitution chilienne. La constitution garantie cependant l’habeas corpus. Le Chili est signataire de la Charte des Nations Unies. La loi d’amnistie garantie l’immunité contre les crimes de guerre. Un amendement à la constitution nécessite les 2/3 des voix du Congrès National, un nombre impossible à atteindre selon la répartition actuelle.
Éventail des idéologies représentées
Scène politique
La scène politique est dominée par 2 coalitions :
« La Concertacion » réunie les partis Socialistes, Sociaux-démocrates et Chrétiens-Démocrates. La Concertacion est au pouvoir depuis les élections de 1989. Elle gouverne en pratiquant des politiques économiques néo-libérale, et fait ce qu’elle peut avec les politiques sociales.
Les chrétiens-démocrates ont été originellement des supporters du coup, mais s’en sont distancés alors qu’il est devenu clair que les militaires n’allaient pas retourner rapidement le pouvoir aux civils. De plus, les réformes économiques de Pinochet n’ont pas seulement éliminé le travail du gouvernement Allende, mais aussi des acquis du précédent gouvernement Chrétien-Démocrate d’Éduardo Frei.
« L’Allianza » est une coalition de droite populiste réunie autour du « Partido Nacional ». Le Partido Nacionaln’a jamais exercé le pouvoir au Chili. Son existence précède le coup d’État et est considérés par certains comme le « parti de la dictature ».
Scène sociale
On retrouve dans la société chilienne un très large éventail de tendances politiques, allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par les groupes altermondialistes, les groupes d’autonomistes indigènes, les groupes de théologiens de la libération et les groupes para-militaires d’extrême droite.
Médias
Les médias sont souvent la propriété de groupes conservateurs, comme les journaux Mercurio et La secunda (l’existence de ces deux journaux précède la dictature, mais ont été des voix pro-junte avant et pendant la dictature). Quelques postes de télévisions sont associés au clergé. L’État est propriétaires d’une chaîne télé généralement considérée comme indépendante, ainsi que d’un journal. Le Chili est 42ième sur la liste de Reporters sans frontières de la liberté de presse, un résultat moyen qui le place dans le 2ième quart du classement.
Type de régime politique
Présidence et Congrès National
Le système politique chilien est structuré à l’exemple du système américain : il est composé de 3 branches, soit la présidence (pouvoir exécutif), le Congrès National (pouvoir législatif) et la justice (pouvoir judiciaire).
Le président est élu au suffrage universel tous les 5 ans. Le président nomme un conseil des ministres. Comme au États Unis et contrairement au Canada, les ministres n’ont pas à être des élus. La constitution de 1980 a retiré au président le privilège de nommer ou de relever de ses fonctions le général en chef des armées.
Le Congrès est composé de 2 chambres : une chambre des députés (120 sièges) et un Sénat (38 élus + 9 nommés). Un tiers du Sénat actuel est composé de sénateurs nommés à vie par Pinochet. Les sièges électifs du Congrès sont en jeu pour des mandats de 6 ans. Un tiers de la chambre des députés est renouvelé par élections tous les 2 ans.
La cour suprême du Chili est composée de 10 juges nommés à vie par le président. Les juges actuels ont tous été nommés sous Pinochet, dont 6 pendant la période de transition.
L’armée est redevable devant le Président, via son ministre de la défense. La police nationale, part intégrante de l’armée en 1973 et 1990, est maintenant la responsabilité du ministre de l’intérieur. Les membres de la police nationale conservent toutefois un rang militaire.
Un régime unitaire
Contrairement aux Etats-Unis, dont le Chili s’inspire pour sa structure gouvernementale, la république est un régime unitaire central : le territoire est divisé en une quinzaine de divisions administratives, mais elles disposent de peu d’autonomie face au gouvernement central. Le président nomme les gouverneurs régionaux.
Partis politiques
Le mode électoral par listes encourage les partis à former des coalitions. Les principaux partis actifs au Chili sont :
Coalition « Concertacion (Concertation des partis pour la démocratie)» : PS, PSD, PDC , Parti pour la démocratie (centre-gauche, au pouvoir); Coalition « Allianza (Alliance pour le Chili )» : Parti National (droite populiste «pinochétiste»), Union Démocrate Indépendante, Rénovation Nationale ; Parti Communiste;
Enjeux politiques locaux
La politique économique néo-libérale menée sans temps d’arrêt depuis 1973 est un enjeu important au Chili. Elle affecte d’abord les conditions de travail, alors que le code du travail adopté par Pinochet en 1980 est resté relativement inchangé (le droit à la syndicalisation a été légèrement facilité). La santé et la sécurité au travail est un immense problème. L’écart riches/pauvres est très prononcé. Les répercussions sur l’environnement – qualité de l’air, protection des forêts, des eaux – semblent ne pas inquiéter les décideurs.
Le Chili a refusé de s’associer aux américains dans l’invasion de l’Irak, mais a conclu un accord de libre-échange avec eux qui s’ajoute à un accord d’association avec l’UE. Le Chili a été l’hôte du sommet de la Communauté économique Asie-Pacifique (APEC), en 2004.
Un scandale concernant la corruption et le financement occulte des partis a éclaboussé la coalition « Concertacion » en 2004 et 5 députés ont vu leur immunité levée pour permettre les poursuites.
La « démocratisation » du Chili, c’est-à-dire le déverrouillage des mécanismes installés par Pinochet contre les réformes structurelles des institutions, est un dossier toujours très actuel.
Le Chili poursuit des efforts de conciliations avec son voisin péruvien (mesure de confiance en matières militaires), et tente de trouver un terrain d’entente avec la Bolivie concernant l’accès a un port gazier. L’instabilité politique en Bolivie (rumeurs de guerres civiles) rend cependant improbable une résolution rapide de ce différent vieux de 120 ans.
En conclusion
La transition et la paix n’est pas encore faite au Chili suite à la dictature. Il est positif que la transition se soit effectuée dans la paix, et la liberté du Chilien moyen s’est agrandie. Cependant, d’une part, les criminels de la dictature n’ont toujours pas été punis; d’autre part, la scène politique est toujours monopolisée par le clivage « concertacion » versus les forces occultes de l’ex-Junte. Électoralement, depuis 15 ans, « la concertacion » n’a jamais quitté le pouvoir et il n’y a donc eu aucune transition pacifique d’un gouvernement élu a un autre depuis 1970.
Il est important de comprendre que la société chilienne elle-même est encore extrêmement divisée concernant les années Pinochet. Il serait faux de dire que personne au Chili ne le supporte, sinon une frange occulte mais puissante de la population. Même parmi les classes très pauvres, on retrouve des supporters de la junte. Des familles entières sont encore divisées sur la question.
Le Chili est un exportateur de modèle pour l’Amérique du Sud présentement, qu’on applaudisse son exemple ou non. Le Chili a envoyé des experts au Mexique en 1995 suite à la crise économique. Le Chili verse de l’argent au FMI, alors que son voisin péruvien est receveur. Le Chili s’en définitivement mieux tiré d’affaire dans les dernières années que ses voisins argentins et péruviens. Le Chili a signé un accord de libre-échange avec les États Unis et pourrait bien être un faux frère auprès de ses voisins au sein du MERCOSUR, notamment le Brésil, en vue des négociations de la ZLÉA.
Mouvements sociaux et forces progressistes
Le mouvement social et les forces progressistes récupèrent lentement du traumatisme de la dictature. Suite au coup d’État, les militants ont été pourchassés, tués, torturés et certains ont fui dans la clandestinité. 500,000 chiliens sont partis en exil. Les Parti Communiste et Socialiste ont entrepris une guérilla (« Front Patriotique Manuel Rodriguez »).
Pendant la dictature, quelques mouvements sporadiques ont été sévèrement réprimés. Des sursauts de mobilisation populaire ont eu lieu en 1978 et en 1983. Suite à une tentative d’assassinat de Pinochet, en 1986, une « dernière » vague de répression fini d’achever l’opposition clandestine.
La mobilisation des mères des personnes disparues apparaît comme une des seules manifestation durable de mobilisation par un groupe. Le mouvement « Donde estan? (où sont-ils?)» manifestait quotidiennement sur des places publiques pour demander des comptes sur les personnes volatilisées dans les premières années de la junte. Comme beaucoup de cas individuels n’ont jamais été résolus, plusieurs familles travaillent encore à la cause de la vérité sur les crimes de la dictature.
Suite à la dictature, la Confédération unie des travailleurs (CUT) est sortie de l’illégalité, tout comme les partis communistes et socialistes, et la Fédération des étudiants du Chili (FECH).
Plusieurs difficultés ont compliqué la résurgence des mouvements progressistes au Chili :
- La crainte et la méfiance d’un autre coup d’État dans la population comme chez les militants
- Les espoirs mis dans la coalition de « La concertacion »
- L’obstruction systémique des éléments réactionnaires occupant toujours des postes importants dans les administrations publiques, académiques, policières et militaires
- L’attachement romantique aux « luttes d’hier » qui aliène la vieille génération à la jeune génération de militants
Alors qu’à la fin de la présidence Allende 35% de la population était syndiqué. On n’en compte plus qu’environ 10%. Une grande « grève générale » menée par la CUT a eu lieu en août 2003. C’était la première depuis 1973 faite à l’appel de cette centrale syndicale.
Extrait de notes de cours du Professeur Ovide Bastien, Collège Dawson, cours Chile : Underside of Economic Miracle
« Some students paid dearly for their activism. In 1985, an engineering student, Patricio Manzano, died after his arrest in a police raid on a FECH project : his heart stopped beating during his detention. In that same year, Rodrigo Rojas, a nineteen-years-old chilean exile visiting from Washington, and Carmen Quintanas, eighteen, were participating in a two-days national protest when they were confronted by an army patrol in a shantytown, dwosed with gasoline, set afire and abandoned in a roadside ditch. (…) Carmen was hospitalized, and, thanks to solidarity groups in Quebec, treated in a highly specialized Montreal hospital; She survived (…)She courageously returned to Chile and joined the struggle for freedom. »
Colectivos de trabajador@s (CC.TT)
Colectivos de trabajador@s (CC.TT - Collectifs de travailleurs) est un organisme fondé il y a 5 ans pour informer et organiser le militantisme ouvrier par la base. Il organise des ateliers de formation et d’éducation populaire pour les droits et la conscientisation des travailleurs, et des événements dans les quartiers populaires de 3 villes du Chili : Santiago, Concepcion (principalement auprès des débardeurs) et La Serena (principalement dans les bidonvilles). Il se veut un réseau d’appui aux initiatives ouvrières et populaire, et un outil de renforcement du pouvoir collectif des travailleurs.
Chaque bureau compte une dizaine de bénévoles.
Ma mission auprès d’eux sera d’aider à intégrer et uniformiser en un seul portail les sites Web des trois branches de l’organisme.
Sources :
wikipedia.org (Chile, Santiago, Allende, Pinochet)
CIA.gov (World Factbook, Chile)
US State Department - State.gov (Country Overview, Chile)
CHILE (coursepack), par Ovide Bastien, Collège Dawson, 2004
L’état du monde 2003 et 2004
Site Web du Monde Diplomatique
Site Web d’Alternatives
Rapport de stage et témoignage d’Annie Bonsaint, stagiaire 2004 d’Alternatives
Notes tirées de la conférence "les fractures de la mondialisation: exemple de la Chine et de l'Amérique du Sud", UQÀM - 23 septembre 2004, Institut d'études internationales de Montréal, présentation de Sylvain Turcotte, Chaire Raoul-Dandurand, « Rôle particulier de l'Amérique du Sud dans la mondialisation »
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